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Journée mondiale de l’eau à Ham-sous-Varsberg, le 22 mars 2023

A l’occasion de la journée mondiale de l’eau, le Président de la CLE du SAGE Bassin Houiller avait donné rendez-vous cette année à Ham-sous-Varsberg, seule commune de Moselle à avoir reçu les trophées de l’eau en 2021, pour sa gestion de l’étang de l’Escherbruch. Plus d’une quarantaine de personnes sont venues écouter et échanger sur la gestion de l’eau dans un contexte de changement climatique.

Beaucoup d’eau sur la planète, mais peu d’eau douce

La terre est recouverte de 70 % d’eau, mais seulement 2,5% de cette eau est de l’eau douce, c’est-à-dire consommable. Philippe WENG évoque Pierre PERRAULT, frère de l’écrivain Charles PERRAULT, qui dans sa carrière d’hydrologue, a montré que la quantité d’eau tombée en une année suffit à alimenter les sources et fontaines, et donc les rivières et fleuves. C’est le premier qui va à l’encontre de la croyance jusque-là admise, que l’eau des sources et rivières provenait de l’océan par des parcours fantaisistes et plus ou moins compliqués.

M.WENG attire l’attention sur la forte croissance démographique du continent Africain dans les prochaines décennies, et exprime sa crainte vis-à-vis d’un manque d’eau, mais de nourriture surtout, et ce, à très court terme.

L’urgence d’agir

Les questions suscitées ont porté sur le traitement des eaux usées, les stations de dessalement de l’eau de mer. Des précisons sont également apportées sur l’importance d’infiltrer l’eau de pluie, au plus près de là où elle tombe, afin de permettre la recharge des nappes. En effet, les sols devenant de plus en plus secs, l’eau à tendance à ruisseler plutôt qu’à s’infiltrer, accélérant ainsi le cycle de l’eau. Les marécages qui disparaissent sont une réelle problématique, ces zones sont à préserver, d’une part pour permettre un stockage de l’eau (et une restitution de l’eau au cours d’eau en période d’étiage), et d’autre part pour maintenir et développer une biodiversité inféodée à ces milieux.

A la question « n’est-il pas trop tard pour agir ? », M. WENG répond qu’il est urgent d’agir, de manière concertée.

 Une vision globale pour anticiper le manque d’eau

Delphine ROUSSET, cheffe du pôle Eau et Résilience à la Région Grand Est présente une étude conduite à l’échelle régionale pour identifier les territoires et les activités les plus exposées au manque d’eau. Les scénarios climatiques indiquent une tendance commune vers des étés plus chauds et plus secs, et des hivers plus doux et potentiellement plus humides. Quant aux précipitations, celles-ci seraient stables sur l’année, mais légèrement plus importantes au printemps et en hiver, et déficitaires en été et à l’automne. Les sols (sont) seront beaucoup plus secs au printemps, avec des impacts pour les milieux naturels et l’agriculture ; les débits minimums des cours d’eau auront tendance à s’aggraver…

Sur les 296 milliards de mètres cubes d’eau utilisés, 293 milliards sont pour l’hydro-électricité, et le refroidissement des centrales électriques. Ces eaux sont en large partie restituées aux milieux. Les 3 milliards restant sont pour les autres usages (canaux, industries, agricultures, eau potable…).

Outre les économies d’eau à réaliser (recherche des fuites dans les réseaux d’eau potable, diminution de la consommation d’eau dans les process industriels, récupération et valorisation des eaux pluviales …), d’autres solutions seront parfois à rechercher, comme la réutilisation des eaux usées. M. WENG évoque notamment la Namibie, qui depuis les années 1970 utilise les eaux usées pour leur culture.

Le prélèvement de l’eau des canaux non utilisés, ou encore le développement de retenue d’eau ne remettant pas en cause la recharge des bassins sont également évoqués. Ce dernier point interroge, « nourrissons-nous de ces expériences, saisissons-nous du problème, pour nous adapter, et faire de cette situation une opportunité » répond Delphine ROUSSET.

Delphine ROUSSET précise également que les arrêtés sécheresse, qui entrainent des mesures de restrictions d’eau, sont pris de plus en plus tôt, et pour des périodes plus longues (jusqu’à décembre). Le constat est partagé, chacun à notre échelle nous pouvons changer nos comportements.

Dans le Bassin Houiller, de l’eau à valoriser

Pour finir le temps en salle, Emilie LEBOEUF, animatrice du SAGE Bassin Houiller revient sur les conséquences de l’exploitation minière, qui a modifié l’équilibre des cours d’eau et des nappes, et les relations entre ces deux milieux. Ainsi, le Bassin Houiller rencontre une situation inédite, où l’eau de la nappe des Grès du trias Inférieur va être pompée, en différents points le long de la Bisten mais aussi de la Rosselle, pour être rabattue afin de protéger le bâti. Les eaux pompées seront rejetées dans les cours d’eau, ce qui sera bénéfique pour ceux-ci, du fait de leur mauvaise qualité, mais le volume est tel, qu’une valorisation de ces eaux peut être envisagée. Une étude sera initiée en ce sens pour déterminer les différents usages de l’eau qui pourront être conduits, pour un développement économique, agricole, industriel, et touristique du territoire.

L’étang de l’Escherbruch, une faune et une flore exceptionnelle à découvrir absolument !

L’étang de l’Escherbruch s’est formé suite à un effondrement de 7 mètres, explique Edmond BETTINGER, maire de Ham-sous-Varsberg. La surface de l’étang correspond au niveau de la nappe, comme c’est le cas pour le plan d’eau existant à l’Est de la carrière de Freyming-Merlebach. La commune a souhaité préserver le site, riche d’une faune et d’une flore exceptionnelle, et a fait l’acquisition de terrains pour assurer la préservation du site dans le temps. Un sentier, long de 600 mètres, permet aux promeneurs, amoureux de la nature, de découvrir ce lieu de quiétude.

Jean-Baptiste LUSSON, président du GECNAL, est présent aux côtés de la commune, et l’accompagne dans la préservation et la gestion du site. Il explique qu’une convention a été signée entre la commune, le GECNAL, et l’AAPPMA l’Alzette de Creutzwald pour réglementer la pêche, et ne pas perturber la biodiversité du site, notamment lors des périodes de reproduction. L’ensemble de ces actions a permis à la commune de remporter un trophée de l’eau lors de l’édition de 2021.

Cyrille DALSTEIN, adjoint au maire en charge des espaces verts, poursuit le travail d’acquisition foncière, tâche rendue compliquée du fait du nombre élevé de propriétaires privés (plus d’une centaine). Pour finir, les élus de la commune nous ont partagé leur projet d’écopâturage, en vue de  régler le développement de plantes envahissantes sur le site.

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Pour en savoir plus :

Lien vers l’appel à candidature pour les trophées de l’eau

Lien Trophées de l’eau – Lauréat 2021 : Commune de Ham-sous-Varsberg

Lien vers l’étude « État quantitatif des ressources en eau du Grand Est : prospective à milieu et fin de siècle et propositions d’actions » et sa plaquette (plaquette du centre « ressources et besoins »)